Par gomberttaniaPublié le Publié dans BlogAucun commentaire sur Interview croisée : Clotilde Boudet et Tania Gombert Les autrices de l’ouvrage « Le monde est injuste, et alors ? »
Interview croisée : Clotilde Boudet et Tania Gombert
Les autrices de l’ouvrage « Le monde est injuste, et alors ? »
Pour Tania Gombert : Quel a été le moment déclencheur qui vous a poussé à partager votre histoire et à écrire ce livre ?
La genèse de cette réflexion a débuté sous le signe d'une introspection personnelle, à un carrefour de ma vie où je faisais face à non pas une, mais trois crises.
La première crise est ma crise existentielle de la quarantaine, un catalyseur pour une profonde remise en question sur ma propre authenticité. Je poursuivais inlassablement mes ambitions professionnelles, sans jamais vraiment prendre le temps de me retourner sur le chemin parcouru ainsi qu’au sens de mon parcours.
Cette période coïncidait avec ma 2e grossesse. J’étais enceinte, une période de vulnérabilité, de bouleversements hormonaux et de transformation profonde. J'ai commencé à écrire, ou plutôt à "accoucher" des premières esquisses de ce livre juste après la naissance de ma deuxième fille en pleine potentielle crise post-partum…
Et jamais 2 sans 3, cette introspection profonde a été renforcée par la crise sanitaire mondiale du COVID-19, qui a affecté de nombreuses vies. Cette période inédite où le monde semblait être mis sur pause, incitant beaucoup de personnes à remettre en question le sens de leur existence. Ce moment hors du temps, à la fois troublant et révélateur, m’a offert une parenthèse unique pour réfléchir en profondeur à ce que je souhaitais réellement apporter à la société.
Mon désir était de transformer mon introspection en un message encourageant pour toutes les "petites Tania" qui, comme moi, pourraient ressentir de la colère et de la frustration de ne pas être nées "au bon endroit" ou de ne pas comprendre pourquoi elles seraient considérées comme ayant moins de valeur dans notre société. Mon but était de leur montrer qu'il est possible de surmonter ces obstacles et d'avancer, malgré les difficultés. Car, après tout, notre point de départ ne détermine pas notre point d’arrivée.
Pour Tania Gombert & Clotilde Boudet : Pouvez-vous nous parler de votre rencontre ? Qu’est-ce qui vous a donné envie de travailler ensemble ?
C’est drôle parce que je n’ai pas particulièrement de souvenir de notre première rencontre, au final, c’est un peu comme si je connaissais Tania depuis des années. Par contre, je me souviens très bien où j’étais quand j’ai reçu son premier e-mail. C’était en mai 2021, je passais quelques jours en Touraine. Elle m’a d’abord simplement proposé de la rejoindre sur un projet d’écriture. Quand je lui ai demandé des détails, j’ai reçu un véritable pavé ! Dans le premier paragraphe, elle avait écrit : « je suis une fausse bonne élève d’un peu plus de 40 ans qui a plutôt bien évolué dans les directions des sociétés d’assurance et qui pourrait encore bénéficier de belles opportunités si je continuais à garder une image lisse. Mais comme vous le comprendrez, ce n’est pas mon souhait. » C’est ça, je crois, qui m’a convaincu : son désir d’émancipation. Tania voulait se détacher des injonctions, retrouver une forme de liberté, renouer avec son enfant intérieur, dénoncer tout en éduquant… Et elle était prête à me faire confiance pour l’accompagner sur ce chemin. Comment dire non à ça ?!
En plus, son message dégageait énormément d’assurance. J’ai tout de suite compris que Tania était une femme de caractère, qui avait « réussi », qui savait ce qu’elle voulait. Moi, j’ai toujours ce foutu syndrome de l’imposteur qui vient régulièrement me chuchoter que je ne suis pas assez ceci, trop cela, que je ne vais pas y arriver… J’ai une idée très précise de ce que je veux faire de ma vie, mais je n’ai aucune idée de comment y parvenir. Alors quand Tania m’a sollicité pour écrire un traité engagé, en précisant qu’elle avait fait de longues recherches avant d’arriver jusqu’à moi, je me suis instantanément sentie inspirée et validée.
Ma rencontre avec Clotilde a été un tournant décisif dans la concrétisation de ce projet qui me tenait à cœur. Tout a commencé lorsque j'ai décidé de mettre par écrit mon introspection et mes réflexions sur ce sentiment d'injustice profondément ancré en moi, cette rage viscérale face à l'inégalité des chances qui m'a frappée de plein fouet alors que je tentais de gravir l'échelle sociale. J'ai mis par écrit mes difficultés, mes peines, ma colère, ainsi que mon parcours, depuis ma naissance dans une cabane à Madagascar jusqu'aux comités de direction dans le secteur des assurances.
Cherchant à donner du corps à mes réflexions, j'ai commencé à les rapprocher des travaux de sociologues et d'anthropologues, tels que Pierre Bourdieu avec "La Reproduction" et Françoise Héritier avec "La Valence différentielle des sexes". J'ai partagé ces écrits avec ma meilleure amie et quelques amis, qui ont été touchés par mes mots. Ils m'ont encouragé à aller plus loin, afin d'inspirer d'autres personnes. Je ne m’en sentais pas capable. C’était trop personnel, trop douloureux, ravivant trop de souffrances.
Sur les conseils de mes proches, j'ai entrepris de chercher la perle rare pour m'accompagner dans cette aventure. Après de longues recherches, j'ai organisé une sorte de casting pour trouver la personne idéale. C'est ainsi que j'ai découvert Clotilde, une personnalité engagée, brillante, passionnée d’écriture avec un engagement féministe qui résonnait avec mes valeurs. J'ai lu ces écrits notamment sur potiches.com. J'ai écouté son discours vibrant et détonnant de major de promo, que je conseille à tous et je l'ai contacté.
Notre première rencontre a eu lieu dans un café parisien. Le courant est passé instantanément, malgré le chaos de mes explications sur mon projet et sur moi-même. Clotilde portait un manteau rouge vif, tranchant avec la grisaille parisienne, un détail qui m'a marqué. Bien qu'elle ait écouté attentivement, me posant des questions qui témoignaient de son intérêt (et peut-être de son appréhension), elle a accepté de se joindre à moi dans cette aventure, même si je suis convaincue qu'elle ne mesurait pas pleinement dans quoi elle s'embarquait. Cette rencontre a été le début d'une collaboration fructueuse, où deux univers se sont rencontrés pour donner naissance à un message porteur de sens et d’espoir.
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C’est drôle parce que je n’ai pas particulièrement de souvenir de notre première rencontre, au final, c’est un peu comme si je connaissais Tania depuis des années. Par contre, je me souviens très bien où j’étais quand j’ai reçu son premier e-mail. C’était en mai 2021, je passais quelques jours en Touraine. Elle m’a d’abord simplement proposé de la rejoindre sur un projet d’écriture. Quand je lui ai demandé des détails, j’ai reçu un véritable pavé ! Dans le premier paragraphe, elle avait écrit : « je suis une fausse bonne élève d’un peu plus de 40 ans qui a plutôt bien évolué dans les directions des sociétés d’assurance et qui pourrait encore bénéficier de belles opportunités si je continuais à garder une image lisse. Mais comme vous le comprendrez, ce n’est pas mon souhait. » C’est ça, je crois, qui m’a convaincu : son désir d’émancipation. Tania voulait se détacher des injonctions, retrouver une forme de liberté, renouer avec son enfant intérieur, dénoncer tout en éduquant… Et elle était prête à me faire confiance pour l’accompagner sur ce chemin. Comment dire non à ça ?!
En plus, son message dégageait énormément d’assurance. J’ai tout de suite compris que Tania était une femme de caractère, qui avait « réussi », qui savait ce qu’elle voulait. Moi, j’ai toujours ce foutu syndrome de l’imposteur qui vient régulièrement me chuchoter que je ne suis pas assez ceci, trop cela, que je ne vais pas y arriver… J’ai une idée très précise de ce que je veux faire de ma vie, mais je n’ai aucune idée de comment y parvenir. Alors quand Tania m’a sollicité pour écrire un traité engagé, en précisant qu’elle avait fait de longues recherches avant d’arriver jusqu’à moi, je me suis instantanément sentie inspirée et validée.
Pour Clotilde Boudet : En tant que journaliste, quel aspect de l'histoire de Tania vous a le plus interpellé et pourquoi ?
C’est difficile de répondre à cette question « en tant que journaliste ». En fait, il n’y a pas Clotilde la journaliste et Clotilde l’autrice. Bien sûr, j’écris différemment dans le cadre professionnel, mais j’appréhende les choses que je vois et les gens que je rencontre à travers le même prisme. En tant qu’humaine donc, ce qui m’a au départ le plus interpellé dans l’histoire de Tania, c’est le détachement avec lequel elle le racontait. Les premières fois, j’ai tout de suite compris cette image lisse dont elle m’avait parlé et dont elle voulait se défaire. Aussi bien les drames que les réussites, elle me racontait tout avec un grand sourire, c’était très déroutant ! Je sais par expérience qu’il n’est pas aisé de raconter sa vie intime à une inconnue. J’ai donc tout fait pour qu’un lien de confiance se crée, au point que Tania se sente assez à l’aise pour baisser sa garde. Quand on porte un masque pendant des années, il est très difficile de s’en défaire, mais on a travaillé dessus !
Par la suite, je pense que le plus interpellant a été sa détermination sans faille. J’ai été fascinée de la constance de cette détermination, de la petite fille qu’elle était à la femme accomplie qu’elle est devenue. Au départ, je n’aime pas trop le dicton « quand on veut, on peut », mais Tania lui a donné tout son sens.
Pour Clotilde Boudet & Tania Gombert : Comment avez-vous travaillé ensemble pour transformer l'expérience personnelle de Tania en un message universel ?
J’ai raconté mon histoire et Clotilde a tout écrit. C’est elle l’écrivaine talentueuse. D'ailleurs, peu après notre collaboration, elle a publié son premier roman « Cher Pygmalion » chez Coco Éditions. Plus sérieusement, j'étais animée par le désir de dénoncer la "valence différentielle", différence de valeur attribuée aux personnes selon leur couleur, leur sexe, ou leur situation financière, leur apparence physique…. Ce concept était notre nom de code projet : "traité sur la valence différentielle", qui interrogeait un grand nombre de nos amis.
Nous avions établi des rendez-vous hebdomadaires pour discuter officiellement du projet, mais notre collaboration s'étendait bien au-delà. À chaque fois qu'une idée nous venait, que ce soit en regardant une série, un film, en lisant un livre, ou lors d'une exposition, nous n'hésitions pas à nous envoyer des messages ou des emails, utilisant tous les moyens de communication possibles, des réseaux sociaux au téléphone, en passant par les SMS, pour enrichir notre réflexion sur la valence différentielle. Nous nous interrogions mutuellement sur nos pensées et perceptions.
Nous nous challengions pour travailler sur cette thèse de la valence différentielle. Au début du projet, j'avais proposé une structure, mais Clotilde l'a diplomatiquement entièrement revue et a proposé d'organiser les chapitres sous forme de questions, ce qui, était vraiment ingénieux. Elle m'a également initiée à des techniques d'écriture, comme l'écriture intuitive, qui consiste à noter tout ce qui nous traverse l'esprit à partir d'un thème donné, d'une phrase d'ouverture, et ce, dans un temps limité. Certains passages du livre sont le fruit direct de cette méthode d'écriture intuitive.
Je suis peut-être à l’origine du choix des mots, mais l’âme de ce livre, c’est Tania ! Comme elle l’a dit : c’est son histoire. Ce qui a simplifié les choses, c’est qu’elle fait quelques fois écho à la mienne. Je n’avais aucun doute sur le fait qu’elle pourrait faire écho à la vie de plein d’autre gens, même si j’avoue qu’au départ cette histoire de valence différentielle m’a laissé sceptique. Déjà parce que je n’en avais jamais entendu parler, et aussi parce qu’elle semblait vouer une adoration pour ce Bourdieu et cette Françoise Héritier dont j’avais entendu vaguement parler (pour Bourdieu) mais dont je ne connaissais RIEN ! Heureusement, mes premières recherches ont enterré tous mes doutes.
En fait, le point de départ de la création de ce traité, c’est la notion de « valence différentielle » empruntée à Françoise Héritier. Elle, elle a pensé la « valence différentielle des sexes », dans L’exercice de la parenté. En étudiant l’ensemble des règles socialement construites pour différencier les hommes et les femmes et les placer dans la société, elle a fait ce constat : le masculin est toujours placé au centre de tout. Selon elle, les hommes ont tacitement signé un genre de contrat, entre eux, afin d’être toujours au sommet de la hiérarchie des sexes. Spoiler alerte, quarante ans plus tard, sa théorie continue de se vérifier…
Donc le projet, c’était de vulgariser cette notion, mais surtout de lui faire dépasser les frontières des genres. S’il y a bien une chose qui nous définit dans la société, en dehors de notre sexe, c’est nos origines, notre culture. Donc s’il y a une valence différentielle des sexes, alors il doit bien y a une valence différentielle des cultures. J’ai vraiment pris le projet comme un gros paquet de pelotes de laine mélangées que j’ai méticuleusement démêlées, fil par fil. Il y a eu le fil du racisme, puis celui du féminisme, celui du capital culturel… je suis allée à la bibliothèque et j’ai lu tout ce que j’ai pu sur ces sujets. Avec les idées de Bourdieu et de Françoise Héritier en toile de fond, tout se connectait à merveilles ! Surtout, tout faisait un écho parfait à la vie de Tania. Et quoi de mieux, pour apprendre sur soi, que d’apprendre sur les autres, à l’échelle universelle ? Parce que le racisme, le féminisme et toutes ces questions liées à la culture, ce sont des problématiques universelles.
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J’ai raconté mon histoire et Clotilde a tout écrit. C’est elle l’écrivaine talentueuse. D'ailleurs, peu après notre collaboration, elle a publié son premier roman « Cher Pygmalion » chez Coco Éditions. Plus sérieusement, j'étais animée par le désir de dénoncer la "valence différentielle", différence de valeur attribuée aux personnes selon leur couleur, leur sexe, ou leur situation financière, leur apparence physique…. Ce concept était notre nom de code projet : "traité sur la valence différentielle", qui interrogeait un grand nombre de nos amis.
Nous avions établi des rendez-vous hebdomadaires pour discuter officiellement du projet, mais notre collaboration s'étendait bien au-delà. À chaque fois qu'une idée nous venait, que ce soit en regardant une série, un film, en lisant un livre, ou lors d'une exposition, nous n'hésitions pas à nous envoyer des messages ou des emails, utilisant tous les moyens de communication possibles, des réseaux sociaux au téléphone, en passant par les SMS, pour enrichir notre réflexion sur la valence différentielle. Nous nous interrogions mutuellement sur nos pensées et perceptions.
Nous nous challengions pour travailler sur cette thèse de la valence différentielle. Au début du projet, j'avais proposé une structure, mais Clotilde l'a diplomatiquement entièrement revue et a proposé d'organiser les chapitres sous forme de questions, ce qui, était vraiment ingénieux. Elle m'a également initiée à des techniques d'écriture, comme l'écriture intuitive, qui consiste à noter tout ce qui nous traverse l'esprit à partir d'un thème donné, d'une phrase d'ouverture, et ce, dans un temps limité. Certains passages du livre sont le fruit direct de cette méthode d'écriture intuitive.
Pour Clotilde Boudet & Tania Gombert : Pourquoi avoir choisi l’écriture inclusive ?
Pourquoi le masculin devrait-il toujours l’emporter sur le féminin ?
L'écriture inclusive, c'est un sujet qui divise, comme en témoignent les nombreux commentaires que j'ai reçus. Dans un contexte où tant de combats cruciaux pour les droits des femmes se posent – violences, persécutions, discriminations professionnelles et salariales – on pourrait considérer l'écriture inclusive comme un détail, un enjeu mineur.
Je l’ai longtemps pensé, notamment à cause du point médian, souvent perçu comme peu esthétique, lourd, complexe à utiliser, et surtout qui pose des problèmes d’accessibilité à la lecture. Mais limiter l'écriture inclusive à cette seule dimension serait réducteur.
J'ai changé d'avis en revisitant une règle apprise dès l'école : « le masculin l'emporte sur le féminin. » Cette règle m'a poussée à questionner ce que nous enseignons aux jeunes générations. Grâce à une réflexion guidée par des échanges enrichissants, j’ai compris qu’il ne s’agissait pas seulement de langue, mais de la façon dont nous façonnons nos représentations et nos mentalités.
C’est pour cela que, dans notre ouvrage Le monde est injuste, et alors ?, nous avons fait le choix d’adopter l’écriture inclusive. Parce que je refuse de perpétuer l'idée que le masculin doit toujours dominer le féminin.
Alors ça, on n’a pas eu à en discuter très longtemps. C’était un peu une évidence ! Quand on a commencé à écrire le livre, l’évolution de l’écriture était au cœur des débats. Les pronoms, la féminisation des titres, les règles d’accord… Personnellement, je conçois la langue française comme une langue vivante, pas comme une langue morte. J’aime l’idée qu’elle puisse évoluer avec son temps. Je trouve que ça en dit long sur notre société, cette difficulté qu’ont certaines personnes à accepter l’idée de la mise à égalité du féminin et du masculin dans l’écriture. C’est un non-problème pour moi. Tu veux l’utiliser, fais-le, tu ne veux pas, tant pis. Il se trouve qu’avec Tania, on était d’accord pour en faire usage. Bien sûr, on s’est inquiété que ça nous ferme la porte à un certain lectorat… mais si tu n’es pas prêt·e à remettre en question un truc aussi ancré dans notre société - et pourtant hyper abstrait - que cetterègle du : le masculin l’emporte toujours sur le féminin, alors tu n’es pas prêt à lire notre essai… Ou alors accroche toi bien, parce que ça risque de secouer pas mal de choses en toi !
Tout notre livre traite de ces questions de valeurs : pourquoi l’homme aurait plus de valeur que la femme, pourquoi telle culture vaudrait plus qu’une autre… Logique donc, qu’on ait aussi questionné le format de notre ouvrage et qu’on ait opté pour la version la plus inclusive possible.
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Alors ça, on n’a pas eu à en discuter très longtemps. C’était un peu une évidence ! Quand on a commencé à écrire le livre, l’évolution de l’écriture était au cœur des débats. Les pronoms, la féminisation des titres, les règles d’accord… Personnellement, je conçois la langue française comme une langue vivante, pas comme une langue morte. J’aime l’idée qu’elle puisse évoluer avec son temps. Je trouve que ça en dit long sur notre société, cette difficulté qu’ont certaines personnes à accepter l’idée de la mise à égalité du féminin et du masculin dans l’écriture. C’est un non-problème pour moi. Tu veux l’utiliser, fais-le, tu ne veux pas, tant pis. Il se trouve qu’avec Tania, on était d’accord pour en faire usage. Bien sûr, on s’est inquiété que ça nous ferme la porte à un certain lectorat… mais si tu n’es pas prêt·e à remettre en question un truc aussi ancré dans notre société - et pourtant hyper abstrait - que cetterègle du : le masculin l’emporte toujours sur le féminin, alors tu n’es pas prêt à lire notre essai… Ou alors accroche toi bien, parce que ça risque de secouer pas mal de choses en toi !
Tout notre livre traite de ces questions de valeurs : pourquoi l’homme aurait plus de valeur que la femme, pourquoi telle culture vaudrait plus qu’une autre… Logique donc, qu’on ait aussi questionné le format de notre ouvrage et qu’on ait opté pour la version la plus inclusive possible.
Pourquoi le masculin devrait-il toujours l’emporter sur le féminin ?
L'écriture inclusive, c'est un sujet qui divise, comme en témoignent les nombreux commentaires que j'ai reçus. Dans un contexte où tant de combats cruciaux pour les droits des femmes se posent – violences, persécutions, discriminations professionnelles et salariales – on pourrait considérer l'écriture inclusive comme un détail, un enjeu mineur.
Je l’ai longtemps pensé, notamment à cause du point médian, souvent perçu comme peu esthétique, lourd, complexe à utiliser, et surtout qui pose des problèmes d’accessibilité à la lecture. Mais limiter l'écriture inclusive à cette seule dimension serait réducteur.
J'ai changé d'avis en revisitant une règle apprise dès l'école : « le masculin l'emporte sur le féminin. » Cette règle m'a poussée à questionner ce que nous enseignons aux jeunes générations. Grâce à une réflexion guidée par des échanges enrichissants, j’ai compris qu’il ne s’agissait pas seulement de langue, mais de la façon dont nous façonnons nos représentations et nos mentalités.
C’est pour cela que, dans notre ouvrage Le monde est injuste, et alors ?, nous avons fait le choix d’adopter l’écriture inclusive. Parce que je refuse de perpétuer l'idée que le masculin doit toujours dominer le féminin.
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Pour Clotilde Boudet : Quels ont été les défis rencontrés lors de la mise en mots des émotions et des expériences de Tania ?
Comme je l’ai expliqué plus haut, le plus compliqué a été de faire tomber le masque. Au départ, nos échanges étaient très « pro ». On faisait majoritairement nos rendez-vous en visio, ce qui ajoute une forme de distance et donc de neutralité dans le récit. Pour faire simple, au départ, il n’y avait pas vraiment d’émotions ! Tania a une capacité fascinante à se foutre des œillères et à parler des choses graves avec une grande légèreté. C’est une armure de protection clairement, et il a fallu dépasser ça. Mon objectif était de lui faire comprendre qu’avec moi, elle n’avait pas besoin de se protéger. Je n’ai toujours voulu que du bien à elle et ses souvenirs.
En écrivant, j’ai donc essayé de garder ce côté léger au maximum, tout en rentrant quand même dans l’intime. Ma crainte, c’était de tomber dans le pathos… déjà parce que ça ne ressemble pas à Tania, et aussi parce que ça n’est pas du tout dans la veine du livre. Je sais qu’elle ne voulait surtout pas qu’on la plaigne ou qu’on lui reproche de se faire passer pour une victime. Sauf qu’on est toutes et tous victimes de quelque chose. En plus Tania est une femme, racée, née dans un des pays les plus pauvres du monde… Elle a de quoi se plaindre ! Quand on a été victime de racisme, de sexisme, de stigmatisation, de pauvreté - ou de tout autre chose d’ailleurs - on a parfaitement le droit de l’exprimer. C’est même hyper sain ! Personne ne devrait s’excuser de ça.
Une fois la confiance acquise, pour ôter les quelques blocages qui restaient, j’ai proposé à Tania de s’essayer à l’écriture intuitive. Ces émotions et ces expériences auxquelles elle n’arrivait pas à se reconnecter car elles étaient trop violentes, je lui ai proposé de les appréhender comme ça : une feuille blanche, un chrono, une phrase d’accroche et zéro réflexion. Juste un robinet qu’on ouvre et qu’on laisse couler sans jugement.
Pour Clotilde Boudet & Tania Gombert : Le livre aborde le racisme, le sexisme et les dynamiques de classe. Quelle est la première étape que notre société doit franchir pour surmonter ces obstacles, selon vous ?
Je pense que ces problématiques sont tellement liées qu’il suffirait d’en adresser une pour commencer à régler les autres. Peut-être que les dynamiques de classe sont le problème n°3, parce qu’elles découlent des deux premiers. Le racisme et le sexisme ont les mêmes racines selon moi : le rejet de l’autre différent. Je pense que la pierre angulaire d’une société sans racisme et sans sexisme (on peut toujours rêver), c’est le bon sens. Vous saviez que c’est un des antonymes du mot « jugement » ? Faire preuve de bon sens, c’est savoir qu’on ne peut décemment pas définir la valeur d’une personne en fonction de sa couleur de peau, de son genre, de sa religion, de sa sexualité, de la ville où elle est née ou de son métier. Il n’y a pas plus basique !
Enfin, ce qui réunit ces trois notions, c’est l’idée d’« inégalité ». Le mot vient du latin in qui veut dire « privé de », et aequalis, qui veut dire « uni » ou « juste ». Les inégalités découlent d’un manque d’unité. Donc la première étape, ce serait d’apprendre à se respecter, toutes et tous. Ça passe par l’éducation, la loi aussi, la sensibilisation… L’État a un énorme rôle à jouer, mais on peut toutes et tous participer à ce changement, à notre échelle.
Il est difficile de choisir une priorité parmi ces trois dimensions, car elles se recoupent souvent et sont vécues simultanément par de nombreuses personnes, notamment celles qui, comme moi, se trouvent à l'intersection de ces discriminations. Ayant vécu personnellement le poids de ce métissage de discriminations, je ne peux dissocier le racisme du sexisme ou des dynamiques de classe. Chacune de ces réalités est profondément liée.
Cela dit, si je devais identifier un enjeu particulièrement central, je dirais que la question de l'accès aux ressources économiques est cruciale. Le critère financier est sans doute l'un des plus discriminants lorsqu'il s'agit d'accéder à des droits fondamentaux comme la santé ou l'éducation.
Cependant, il est impossible d'ignorer la place marginalisée des femmes dans notre société. Hormis quelques exceptions, elles continuent d'être reléguées au second plan, et c'est un constat que j'exprime avec retenue. Quant au racisme, bien que le Code noir ne soit plus en vigueur, les préjugés et stéréotypes profondément ancrés qui ont déshumanisé les populations noires persistent encore aujourd'hui dans certains esprits.
Plutôt que de parler de priorité, je pense qu'il est urgent de revoir notre conception du pouvoir. Il ne devrait pas être concentré entre les mains d'un seul groupe homogène, façonné par les mêmes expériences, opinions et privilèges. Nous devons aspirer à un pouvoir représentatif de la diversité de notre société, en termes de genre, de couleur, d'origine sociale. Certes, cette vision peut sembler utopiste, mais c'est là que se situe, selon moi, l'enjeu fondamental.
Pour Tania Gombert : comment avez- vous surmonté les préjugés dans votre vie professionnelle ?
Pour surmonter les préjugés dans ma vie professionnelle, j’ai adopté une approche paradoxale : je les ignore totalement. Ils me passent littéralement au-dessus de la tête, et souvent, je choisis de ne pas les voir ni les entendre. À mes yeux, ces préjugés n'ont aucun poids, ils n'existent pas. Mais cela ne signifie pas que je me contente de les éviter. En réalité, je les affronte souvent avec humour, et peut-être même avec une dose de cynisme. Cet humour, c’est ma façon de ne pas laisser les stéréotypes me freiner, de montrer que leur absurdité me fait sourire plutôt que m’abattre.
Mais l'essentiel, c'est de comprendre que la vraie bataille ne se joue pas uniquement à l'extérieur, face aux autres, mais bien à l'intérieur de soi. Il s'agit de convaincre avant tout soi-même de sa propre valeur. Parce que, finalement, la plus grande victoire, c’est de parvenir à une certitude inébranlable que l’on mérite sa place, que l’on a quelque chose à offrir, et que l’opinion des autres, aussi bruyante soit-elle, ne peut pas définir qui l’on est.
Une fois que l’on parvient à se dire cela, tout change. Les jugements des autres perdent leur pouvoir. Ce travail intérieur est essentiel, car une fois que l’on s’est convaincu de sa propre valeur, il devient possible de faire des choses que l’on pensait auparavant inaccessibles. On se découvre capable de relever les défis les plus ambitieux, de soulever des montagnes. Et finalement, c’est cette conviction intime qui fait la différence, bien plus que le regard que les autres peuvent poser sur nous.
Pour Clotilde Boudet : Qu'avez-vous appris sur vous-même et sur les questions de justice sociale en écrivant ce livre avec Tania ?
Plein de choses ! Déjà, j’ai appris à être beaucoup moins dure avec moi-même et à me faire davantage confiance. La ténacité de Tania a été une réelle inspiration. Cette liberté d’être elle-même qu’elle voulait retrouver à travers l’écriture de ce livre, j’ai fait beaucoup de sacrifices pour ne jamais la perdre. En rencontrant Tania, j’ai pris conscience de ça, et de l’importance de ne jamais me défaire de cette liberté.
Pour ce qui est des questions de justice sociales, tout ce que j’ai lu de documentations pour écrire le livre n’a fait que renforcer un sentiment d’injustice déjà bien ancrée. Quand on regarde la réalité en face, on est forcément déçu·e, mais peut-on vraiment être surpris·e ? Heureusement, la déception a fait très vite place à une envie de faire bouger les choses. J’ai toujours été très engagée dans mon féminisme, mais je l’étais un peu moins concernant les questions raciales. Parce que je suis du côté des privilégié·e·s, donc je ne me sentais pas légitime. Je suis métisse, mais ma peau est assez claire pour que ça ne soit pas évident. Souvent, on pense simplement que je suis bronzée. En 31 ans de vie, je n’ai été victime de racisme que deux fois, et ça a été des événements mineurs. Écrire ce livre, parler des expériences de racisme vécues par Tania, échanger sur le métissage… !a m’a donné envie de m’engager davantage, de revendiquer plus mon rôle d'alliée. Mon métissage, j’en suis fière, mais ça n’a jamais vraiment été un sujet dans ma vie. Cette expérience m’a fait réaliser que ça pouvait, que ça devait en être un ! Parce que de ce côté là aussi, il y a des voix à libérer et des portes à défoncer.
Pour Clotilde Boudet & Tania Gombert : Le livre se veut un message d'espoir. Pouvez-vous partager un moment ou une réalisation concrète qui vous donne de l'espoir pour l'avenir ?
Je suis hypersensible, donc il m’en faut peu ! Des gens qui s’entraident, une fleur qui pousse à travers le bitume, une éclaircie lors d’un orage… pour moi, toutes ces petites choses sont des espoirs, des petites révolutions. Il y a en a de plus douces que d’autres. Pour certaines causes, comme celles qu’on évoque dans le livre, force est de constater que la douceur ne suffit pas… mais les choses avancent, difficilement, pas assez vite, mais elles avancent. De voir qu’il y a toujours des gens pour se battre contre les inégalités, ça me donne de l’espoir. Et si on arrive à créer du dialogue autour de ce livre et des sujets qu’il traite, si on arrive à ouvrir un peu les yeux et le cœur d’au moins une personne, ce sera une réussite.
Ce qui me donne de l'espoir pour l'avenir, ce sont les nombreux messages d’encouragement que je reçois, ainsi que les personnes qui viennent se confier à moi et partager leur propre histoire. Je réalise que je ne suis pas la seule à avoir traversé ce type de parcours. En étant authentique, en révélant sans filtre mes pensées, mes actions, et au-delà de ma situation actuelle, j’ai vu que cela permettait à d’autres de trouver le courage de faire de même.
Le fait de partager ouvertement mes expériences, mes succès et mes difficultés a eu un impact inattendu. J’ai vu des personnes, qui jusque-là cachaient leur origine ou leur vécu, s’ouvrir à leur tour. En assumant leurs histoires personnelles, elles aussi sont des sources d’inspiration pour d'autres, notamment ceux que la société tend à ignorer ou à sous-estimer.
Cette chaîne de partage et de transmission d’expériences me donne un immense espoir, car elle montre que nous avons tous la capacité d’inspirer et d’encourager les autres, surtout ceux sur qui la société ne mise pas toujours. Chaque témoignage de courage, chaque personne qui ose enfin raconter son parcours, est une petite victoire. Et c'est en multipliant ces moments d’authenticité et de partage que nous construisons un avenir plus inclusif, plus empathique, où chacun peut se sentir valorisé et entendu.
Pour Tania Gombert : Si vous aviez un conseil à donner à quelqu'un qui se trouve dans une situation similaire à celle que vous avez vécue, quel serait-il ?
Mon conseil serait simple mais essentiel : sois fier(ère) de toi. Ta singularité est ta plus grande force, pas un fardeau. Parfois, on peut se sentir isolé(e) ou incompris(e) parce qu'on ne correspond pas à ce que la société considère comme la norme. Mais ce qui te rend unique est précisément ce qui te donne une perspective différente, une richesse que les autres n’ont pas. Il est donc crucial de ne pas voir cette différence comme un obstacle, mais comme une ressource précieuse.
Et surtout, c’est parfaitement légitime de te battre pour devenir la personne que tu veux être. Ne laisse jamais personne te faire douter de la valeur de tes aspirations. Les obstacles, les préjugés et les attentes de la société peuvent être écrasants, mais il ne faut jamais cesser de croire en ton potentiel. Ta bataille pour être toi-même en vaut toujours la peine, car au bout du chemin, il y a la liberté d'être pleinement soi, et c'est cela qui te permettra de réussir.
Comme je l’ai partagé dans mon TEDx, il est important de se rappeler que notre point de départ ne détermine pas notre point d’arrivée. Peu importe d'où tu viens, ce qui compte, c’est la direction dans laquelle tu choisis d’aller.
Pour Clotilde Boudet : Comment voyez-vous le rôle des médias dans la lutte contre les inégalités et la promotion d'une société plus juste ?
Il est primordial et malheureusement encore mal utilisé. « Un grand pouvoir implique une grande responsabilité »… Or, il suffit de regarder les chiffres de l’ARCOM (le régulateur de la communication audiovisuelle et numérique) pour voir qu’il y a un problème. Les personnes perçues comme non-blanches sont encore trop peu représentées sur les plateaux de télé, et les chiffres n’augment pas, au contraire ! En 2021, leur présence s’élevait à un petit 14 %, contre 16 % en 2020… Cet entre-soi est effrayant et dangereux. Comme on l’explique dans le livre avec l’anecdote de Tania sur Whitney Houston, c’est essentiel pour les jeunes générations d’avoir des modèles. Si l’on ne voit jamais personne comme soit à la télévision ou sur les couvertures de magazines, on finit par se dire qu’on compte moins… Pareil pour les mots, on devrait vraiment réfléchir davantage à leur poids.
J’ai rédigé plusieurs mois des faits divers dans un journal régional, et j’en avais fait un petit combat personnel : choisir au mieux mes mots. Pour un féminicide j’écrivais le mot féminicide, plusieurs fois, car il faut appeler un chat « un chat » et tout le monde ne le fait pas. C’est peut-être anodin, mais même les tournures de phrase sont à prendre en considération ! Le résultat sur le lectorat est inconscient, mais il est réel. Donc par exemple, on écrit « un homme a tué… », pas « une femme s’est faite tuée ». Dans ce genre de cas, j’estime qu’il faut laisser la lumière sur le coupable - en l’occurence le masculin. En matière de violences faites aux femmes, on sait qu’il l’emporte malheureusement toujours ! Pareil pour le fait d’annoncer la nationalité d’une personne inculpée pour un crime ou un délit : ça me gêne toujours un peu. Si ça aide à placer le contexte et à mieux comprendre l’acte, pourquoi pas spécifier, mais sinon, à quoi bon ? Enfin bref, les faits divers c’est vraiment l’exemple ultime pour moi d’un Spiderman qui ferait n’importe quoi avec son pouvoir. Et je ne vous parle pas de l’image des femmes dans la presse en général, qui reste encore bien galvaudée… Aujourd’hui, les choses évoluent un peu, heureusement, quelques médias font appel à des journalistes engagé·e·s et spécialisé·e·s, dans les questions de genre par exemple. Et puis on voit apparaître de nouveaux organes de presse, comme le magazine Gaze, qui change les codes. C’est une bouffée d’air frais !
Pour Tania Gombert & Clotilde Boudet : Quels sont vos projets futurs ? Envisagez-vous d'écrire un autre livre ensemble ?
Après une telle aventure, étalée sur plusieurs mois, voire des années, durant laquelle nous avons confronté nos regards croisés, partagé nos avis, et fait de chaque lecture, chaque film, et chaque moment de vie une source d'inspiration pour ce projet commun, une connexion très forte s'est créée entre nous. Et puis je me suis quand même un peu livrée… Alors, comment se quitter après cela ?
J’ai ressenti un pincement au cœur lorsque notre ouvrage a été publié. Je me suis demandé si cela marquerait la fin de ces échanges constants, ces pensées que nous nous envoyions à n’importe quelle heure, à travers tous les moyens de communication possibles. C’était un peu comme un vide, mais je savais au fond de moi que nous ne pouvions pas nous arrêter là.
C’est pourquoi j'ai proposé à Clotilde de nous rejoindre sur Cap Métissage, et elle a accepté sans hésiter. C'est une belle histoire de connexion qui continue à s’écrire. Quant à savoir si nous allons écrire un autre livre ensemble, je n'en ai aucune idée. Clotilde a de nombreuses idées de livres et de textes en tête, et je pense que son chemin la mènera peut-être à les réaliser seule, vers son propre envol et son rêve d’autrice.
De mon côté, je continue à partager mes convictions à travers mes engagements associatifs et personnels. Chaque chemin est différent, mais l'essentiel est que nous continuions à apporter notre pierre à l'édifice, d’une manière ou d’une autre, tel le colibri des légendes amérindiennes.
Je vais parler en mon nom, mais je crois que Tania a ressenti la même chose : quand on travaille à un projet si intime et si fort que Le monde est injuste et alors ?, c’est difficile de se dire adieu. J’avais du mal à me dire « ok on a écrit un livre ensemble, mais on va chacune continuer son petit bonhomme de chemin et sans doute jamais se revoir ». Ce sont des choses qui arrivent, je l’ai déjà vécu ! Donc là, je suis hyper heureuse qu’on ait gardé le lien et qu’on se rejoigne aujourd’hui sur le projet de podcast de son association, Cap Métissage. Tania a proposé, spontanément, que j’anime les épisodes du podcast Mes Tissages et je suis ravie de participer à ce projet génial qui met en lumière les personnes métisses.
Concernant mes projets perso, ils sont multiples. J’ai envie de continuer d’apprendre et de m’ouvrir l’esprit, donc je réfléchis actuellement à reprendre mes études. Je travaille à la rédaction de mon deuxième roman. J’écris aussi un essai que j’ai imaginé un peu comme le film Boyhood pour lequel les équipes ont tourné pendant douze ans pour suivre l’évolution des comédiens. J’ai envie d’interviewer des personnes au sujet de leur santé mentale, à plusieurs époques de leur vie. Du coup, je pourrais très bien finir ce bouquin demain… ou dans dix ans ! Écrire un nouveau livre avec Tania ? Pourquoi pas ! L’aventure du monde est injuste et alors ? a été tellement enrichissante, je ne dirais pas non à un second tour ! De toute façon, Tania le sait : si c’est pour créer quelque chose d’utile et de beau, je suis toujours partante.
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Je vais parler en mon nom, mais je crois que Tania a ressenti la même chose : quand on travaille à un projet si intime et si fort que Le monde est injuste et alors ?, c’est difficile de se dire adieu. J’avais du mal à me dire « ok on a écrit un livre ensemble, mais on va chacune continuer son petit bonhomme de chemin et sans doute jamais se revoir ». Ce sont des choses qui arrivent, je l’ai déjà vécu ! Donc là, je suis hyper heureuse qu’on ait gardé le lien et qu’on se rejoigne aujourd’hui sur le projet de podcast de son association, Cap Métissage. Tania a proposé, spontanément, que j’anime les épisodes du podcast Mes Tissages et je suis ravie de participer à ce projet génial qui met en lumière les personnes métisses.
Concernant mes projets perso, ils sont multiples. J’ai envie de continuer d’apprendre et de m’ouvrir l’esprit, donc je réfléchis actuellement à reprendre mes études. Je travaille à la rédaction de mon deuxième roman. J’écris aussi un essai que j’ai imaginé un peu comme le film Boyhood pour lequel les équipes ont tourné pendant douze ans pour suivre l’évolution des comédiens. J’ai envie d’interviewer des personnes au sujet de leur santé mentale, à plusieurs époques de leur vie. Du coup, je pourrais très bien finir ce bouquin demain… ou dans dix ans ! Écrire un nouveau livre avec Tania ? Pourquoi pas ! L’aventure du monde est injuste et alors ? a été tellement enrichissante, je ne dirais pas non à un second tour ! De toute façon, Tania le sait : si c’est pour créer quelque chose d’utile et de beau, je suis toujours partante.
Après une telle aventure, étalée sur plusieurs mois, voire des années, durant laquelle nous avons confronté nos regards croisés, partagé nos avis, et fait de chaque lecture, chaque film, et chaque moment de vie une source d'inspiration pour ce projet commun, une connexion très forte s'est créée entre nous. Et puis je me suis quand même un peu livrée… Alors, comment se quitter après cela ?
J’ai ressenti un pincement au cœur lorsque notre ouvrage a été publié. Je me suis demandé si cela marquerait la fin de ces échanges constants, ces pensées que nous nous envoyions à n’importe quelle heure, à travers tous les moyens de communication possibles. C’était un peu comme un vide, mais je savais au fond de moi que nous ne pouvions pas nous arrêter là.
C’est pourquoi j'ai proposé à Clotilde de nous rejoindre sur Cap Métissage, et elle a accepté sans hésiter. C'est une belle histoire de connexion qui continue à s’écrire. Quant à savoir si nous allons écrire un autre livre ensemble, je n'en ai aucune idée. Clotilde a de nombreuses idées de livres et de textes en tête, et je pense que son chemin la mènera peut-être à les réaliser seule, vers son propre envol et son rêve d’autrice.
De mon côté, je continue à partager mes convictions à travers mes engagements associatifs et personnels. Chaque chemin est différent, mais l'essentiel est que nous continuions à apporter notre pierre à l'édifice, d’une manière ou d’une autre, tel le colibri des légendes amérindiennes.
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Interview croisée : Clotilde Boudet et Tania Gombert Les autrices de l’ouvrage « Le monde est injuste, et alors ? »